Quatre ans après le terrible incendie qui causa la chute de la flèche de Notre-Dame de Paris et ravagea sa toiture presque millénaire, le chantier de sa reconstruction progresse vite.
Chaque jour pas moins de mille personnes en France oeuvrent à son relèvement, soit en travaillant directement sur le chantier, soit dans de nombreux ateliers d’artisans donnant le meilleur de leurs talents.
Il revient certainement à l’Eglise Catholique et plus particulièrement à l’archevêque de Paris, qui est l’affectataire de la Cathédrale, propriété de l’Etat français, de dire à quoi travaillent réellement tous ces artisans. La cathèdre est le nom du siège d’où l’évêque préside la liturgie. Chacun sait combien les liens entre la culture contemporaine et le catholicisme se sont distendus. Il s’agit alors de redire le message dont cette cathédrale est le témoin.
C’est à Notre-Dame de Paris que je fus ordonné prêtre le samedi 26 juin 1999 par l’archevêque d’alors, le cardinal Jean-Marie Lustiger. Pour un prêtre, la cathédrale de son diocèse est le lieu de sa naissance. C’est un lieu où l’on revient chaque année. Aussi, je voudrais vous partager ce que représente pour moi Notre-Dame de Paris et ce qu’emporte sa reconstruction. Car, au fond qu’avons-nous, nous catholiques, à dire qui puisse permettre à toute personne de comprendre ce dont Notre-Dame est le signe ? Je vois trois aspects qui sont autant de perspectives du rayonnement de Notre-Dame de Paris.
La première, c’est que si Notre-Dame a pu à ce point toucher le cœur de tant de personnes au soir du 15 avril 2019, des personnes de toutes confessions et même sans affiliation religieuse particulière, c’est que cet édifice, c’est-à-dire ce temple, est le signe visible d’une réalité invisible. C’est-à-dire que la cathédrale est la réplique visible de cet espace invisible qui se trouve à l’intime de chaque personne. C’est qu’en effet, il y a en chacun un sanctuaire. Toute personne porte en elle un espace sacré. Si bien que lorsque nous voyons son signe visible – ce qui le signifie à l’extérieur – flamber, tout le monde perçoit que quelque chose s’effondre en soi.
Ainsi donc l’impression que quelque chose de dramatique se produisait était dramatique pour tout le monde parce que, encore une fois, il y a une relation étroite entre l’édification d’un sanctuaire visible dans le paysage urbain et ce dont il témoigne, ce que nous portons tous à l’intime de nous-mêmes. Il y a donc là quelque chose qui me permet de dire que le tout premier enjeu du relèvement de Notre Dame de Paris, est de ramener à la vie intérieure de tout un chacun. Tout être humain vit depuis l’intérieur de lui-même.
La deuxième perspective consiste à rappeler que Notre-Dame est le nom d’une personne, une dame. La cathédrale Notre-Dame de Paris évoque la Vierge Marie. Marie est la mère du Christ. Au fond à l’image de la mère du Christ, la cathédrale témoigne de Celui qui porte à tous les hommes la lumière de la Vie véritable. C’est ce que dit la foi chrétienne pour ceux qui en vivent. La cathédrale témoigne d’une maternité, d’une vie nouvelle donnée que les catholiques appellent la vie de la grâce.
Enfin la troisième perspective consiste à permettre qu’à l’avenir, Notre-Dame soit d’un point de vue mondial, le lieu ou le signe, le témoin de la consolation des hommes. Compte tenu du contexte international actuel, des tensions et des angoisses que vivent tant de personnes dans le monde, il faut que Notre-Dame de Paris relevée de son épreuve, devienne le signe et le témoin visible d’une espérance qui donne de la consolation au cœur des hommes. L’humanité au XXIème siècle est au défi de son unité. Chacun le voit bien tous les jours. Qui permettra à ceux qui peinent de recevoir de la consolation ? Dès lors, si pour les chrétiens la consolation vient du Christ Dieu, et si cette consolation est venue par Marie, alors, la cathédrale doit être un lieu de consolation pour tous. Il s’agit de pouvoir se partager cette espérance : oui il y a une ressource qui nous permet de continuer à avancer tous ensemble.
Voilà trois perspectives qui permettront à tous les artisans et acteurs du chantier qui travaillent à relever Notre-Dame de Paris, de savoir qu’ils participent d’une œuvre spirituelle indispensable. Ils restaurent une cathédrale que tous regarderont et aussi une cathédrale qui les regardera tous d’où qu’ils viennent dans le monde. Elle porte un regard bienveillant sur chacun de ceux qui voudront bien y entrer et la visiter.