Une émission diffusée sur Kto le 2 juillet 2021
J’étais l’invité de l’émission "L’amour de la Nation, en débat" sur KTOtv. La loi bioéthique discutée ces dernières semaines à l’Assemblée nationale nous force à constater que la volonté de la majorité d’octroyer des droits catégoriels est plus forte que celle qui consiste à oeuvrer pour fortifier le socle commun de la société. Mais, il n’y a d’individus que parce qu’il y a un corps qui les porte. Nous sommes tous à l’articulation de trois réalités fondamentales : le corps individuel, le corps social et le corps environnemental. Si l’environnement et les droits individuels priment aujourd’hui dans les sujets politiques, l’enjeu pour chacun d’entre nous, est de rappeler cette réalité totalement oubliée, que c’est une société qui fait des individus et non des individualités qui font une société. Le sens du commun est l’enjeu du siècle : nature humaine commune, société commune, écologie commune.
De façon symptomatique, les questions bioéthiques et les capacités de biologie reproductive révèlent une situation particulière : le primat des droits individuels sur le sens du bien commun. Si je systématise, c’est l’oubli du fait qu’il n’y a d’individu que parce qu’il y a un corps qui les porte. Un individu tout seul n’existe pas ! Il faut toujours qu’il existe dans une société !
De façon schématique, nous avons toujours trois dimensions : des individus, une société qui les unit et un environnement naturel global (la « création ») par lequel nous vivons. Nous sommes tous à l’articulation de ces trois réalités fondamentales : notre vie personnelle corporelle (notre individualité), notre vie sociale qui est absolument nécessaire parce que c’est elle qui nous a faite et qui nous a donné notre individualité et, l’environnement complet (biosphère) que nous partageons.
J’observe en regardant la vie politique qu’il y a un intérêt patent pour l’environnement. C’est-à-dire que ce grand corps environnemental, menacé par le réchauffement, est objet de toutes les attentions et est porté par un courant écologiste, qui irrigue maintenant tous les courants politiques. Et puis d’un autre côté, il y a une tendance à nourrir les droits individuels. C’est-à-dire que finalement, nous allons « vers » les individus en leur donnant des droits nouveaux et toujours plus de droits. Finalement, je le répète, reste dans l’angle mort, ce qui est au centre ! Or ce qui est au centre, c’est le corps social ! Nous sommes face à la difficulté de nous tenir ensemble et de nous dire pourquoi est-ce que nous voulons tenir ensemble ?
Il me semble que fait défaut aujourd’hui, la possibilité même de nous dire, le sens que nous donnons à l’existence ! Autrement dit, nous ne partageons pas assez au sujet de ce-que nous avons à accomplir, les uns et les autres, les uns avec les autres, comme individus dans la société qui est la nôtre ? Et si nous n’arrivons plus à nous dire ce qu’est l’enjeu du fait d’être vivant, ici et maintenant vous et moi, nous sommes sans base commune. Qu’est-ce donc que nous avons à accomplir dans notre humanité ? Avons-nous une humanité à accomplir ou pas ? Nous sommes là face aux grandes questions anthropologiques. Ces questions anthropologiques appartiennent au domaine de la vie spirituelle. Mais si nous retirons le fait que la vie a un sens et que nous sommes ensemble pour l’accomplir (parce que je ne peux pas accomplir ma vie sans les autres,) que reste-il ? C’est aussi cela la question ! Il faut de tout urgence redécouvrir que j’ai toujours besoin des autres pour réaliser ce que je suis. Si je veux me réaliser aux dépens des autres, j’emmène tout le monde dans le mur, ce n’est pas possible.