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La mort est-elle ce que vous croyez ?

La mort est-elle ce que vous croyez ?

Le père Laurent Stalla-Bourdillon, qui vient de publier "La mort n’est pas ce que vous croyez" (DDB), évoque en cette veille de la Toussaint la réalité de la mort, cet événement certain qui n’efface pas la vie et celle de nos proches, mais la transforme.

Alors qu’un projet de loi ouvrant le droit à l’euthanasie menace toujours notre pays, que se prépare le Jubilé 2025 sur le thème de l’espérance, j’ai souhaité encourager, à travers un petit livre, à revenir à la pensée de la mort comme passage. La mort n’est donc pas que la fin de cette vie. Elle est sa transformation. La fête de la Toussaint le 1er novembre, puis le jour de prière pour les défunts, le 2 novembre, orientent chaque année nos regards vers l’au-delà de cette vie temporelle. Nous pensons à ceux qui nous ont quitté, et si nous croyons en Dieu, nous les confions à sa tendresse et à sa Miséricorde. Nous, qui sommes encore en route, nous invoquons aussi l’intercession des saints qui jouissent de la lumière divine. L’Église proclame la résurrection des corps et refuse la censure de l’éternité. La question de la mort permet de retrouver le centre de gravité de la foi chrétienne : la résurrection comme naissance, nouvel engendrement d’entre les morts. Jésus n’est-il pas "le premier né d’entre les morts" (Col, 1,18) ?

Un évènement certain
C’est un fait inouï : la mort n’est pas le dernier mot. Cette espérance va retentir tout au long de l’année du Jubilé 2025 ! Les chrétiens croient que l’amour dont Dieu aime la multitude sera aussi pour elle, source de vie ! Il nous faut apprendre à penser notre mort, non comme un évènement possible, mais comme un évènement certain. Si nous allons bien tous mourir, cela doit surtout nous inviter à réaliser ce qui peut encore grandir en nous. La possibilité que notre vie ne se réduise pas à l’expérience temporelle est devenue la chose la plus difficile à croire aujourd’hui. Nous sommes peut-être nous-mêmes atteints par le doute quant à la possibilité qu’il existe un autre état du corps, l’état de Ressuscité que décrivent les Évangiles lorsque Jésus revenu de la mort apparaît à ses apôtres. Mener le combat de la foi dans notre époque incrédule, c’est tenir fermement la promesse que le Christ a faite : "Et moi je les ressusciterai au dernier jour" (Jn 6,54).

Il n’y a donc aucune abolition définitive de la personne dans la mort, mais la perte de ce corps, sujet du temps qui le rendait visible, appelé à un autre état. Ces propos, je le sais bien, sont contraires aux apparences, où tout se réduit à de la cendre ou de la poussière. La résurrection de Jésus est une révélation qui entraîne une révolution. Nous y prenons part à travers le sacrement du baptême.

Pas de vie sans relation
La mort corporelle est le signe visible d’une réalité invisible. Elle donne à voir sur le corps comme la trace d’un événement spirituel qui atteint quelque chose d’invisible en nous : la relation de confiance avec Dieu. Il ne saurait y avoir de vie en dehors de cette relation. Telle est l’essence même de l’humanité. Or cette dernière ne parvient plus à se concevoir ainsi, tant elle se figure que la vie ne dépend de personne. Ne dépendre de rien ni de personne est la grave tromperie qui nous menace. L’autonomie absolue est non seulement impossible, mais elle est surtout dramatiquement triste. Jamais l’homme n’a été créé pour être seul. Il est un être relié et sa vie tient dans ses liens. La relation à l’auteur de la vie est un bonheur réel.

Le Christ Jésus est mort parce que Dieu nous aime.

En Jésus ressuscité, notre propre nature est restaurée dans sa relation à la source de tout ce qui existe, à l’Amour qui donne la vie. Le Christ Jésus est mort parce que Dieu nous aime. Par sa mort, il a dévoilé le pouvoir de l’amour, de la volonté divine de nous faire vivre. Mais vivre avec Lui et en Lui. L’état nouveau de son corps ressuscité est l’expression d’une relation au Père que rien ne peut plus altérer. Cette relation au Père est le Royaume même que connaissent tous les saints. Jésus avait exhorté ses disciples à la confiance : "Sois sans crainte, petit troupeau, le Père s’est complu à vous donner le Royaume" (Lc 12,32).

La réponse de Dieu
Jésus s’est endormi dans la mort, qui s’apparente à un sommeil. La liturgie de l’Église catholique fait entendre cette évocation de la mort comme un sommeil dans la seconde prière eucharistique de la messe : "Souviens-toi aussi de nos frères qui se sont endormis dans l’espérance de la résurrection, et de tous les hommes qui ont quitté cette vie : reçois-les dans ta lumière, auprès de toi." Ce sommeil prélude à un réveil, à un relèvement, qu’exprime le mot de "résurrection". Ce réveil est l’effet en l’âme de l’engendrement par l’Esprit.

"La résurrection est donc la réponse de Dieu à l’aspiration de l’âme, et elle achève ainsi la béatitude de l’être humain. écrit le théologien Jean Mouroux. […] [L’âme] connaît comme elle est connue ; elle aime comme elle est aimée ; elle réalise en perfection l’image éternelle qu’elle était devant Dieu. Par suite, lorsque Dieu lui fait reprendre son corps, elle est, par grâce, capable de le transformer et de l’adapter à sa vie nouvelle ; elle se possède d’une façon si totale qu’elle peut le posséder totalement, et tout est là" (Le Sens chrétien de l’homme). Jésus a donné à la mort un sens nouveau. "Dans la mort, précise le Catéchisme de l’Église catholique, Dieu appelle l’homme vers Lui" (CEC, 1011). C’est ainsi que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus a pu affirmer : "Je ne meurs pas, j’entre dans la vie." Entrons dans l’espérance et belle et saine fête de la Toussaint !

La mort n’est pas ce que vous croyez, Laurent Stalla-Bourdillon, Desclée De Brouwer, octobre 2024, 260 pages, 16,90 euros.


Père Laurent Stalla-Bourdillon

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