La « maison Bakhita », inaugurée le 25 septembre dans le 18ème arrondissement de Paris, doit devenir un pôle diocésain de l’accueil des personnes migrantes.
À Paris, le 25 septembre prochain ne sera pas une Journée mondiale du migrant et du réfugié comme les autres. L’archidiocèse doit inaugurer, ce jour-là, la « Maison Bakhita », une initiative dont il entend faire un « centre de ressources » dédié à « l’accueil et l’intégration des personnes migrantes », en témoignage de la foi. Pied de nez à la précarité souvent subie par ces dernières, l’adresse retenue pour ce projet – le 5 ter rue Jean Cottin, dans le 18ème arrondissement – est à sept-cent mètres de la Porte de la Chapelle, théâtre habituel de campements provisoires de personnes nouvellement arrivées sur le territoire.
On découvre ce centre à l’occasion d’une présentation à la presse, ce 14 septembre. 3,6 millions d’euros de travaux ont permis de rénover et réaménager 1400 mètres carrés de locaux répartis sur trois étages. La mission confiée par le diocèse de Paris à la maison Bakhita ne relève « ni de l’hébergement, ni de la fourniture d’une aide d’urgence », précise la directrice, Isabelle Cauchois. Ces tâches-là incombent à un réseau de partenaires constitué de 106 paroisses et d’une quarantaine d’associations déjà actifs sur le terrain, parmi lesquelles, le Secours catholique, La Cimade et le Jesuit refugee sevice France (JRS), mais aussi Aux captifs la libération et L’œuvre d’Orient. La maison Bakhita, elle, intervient en deuxième ligne, et en soutien à l’action des partenaires.
Un lieu vocationnel
La vocation de ce lieu, au fond, est d’accueillir quatre publics appelés à le fréquenter et à favoriser un esprit authentique de rencontre entre eux. Premier de ces publics, les acteurs de terrain, bénévoles et salariés des partenaires précités qui pourront y bénéficier de formations et d’un accompagnement humain et spirituel. Deuxième public, les personnes migrantes elles-mêmes : après un passage auprès d’un des partenaires, elles pourront s’inscrire à un atelier de la maison Bakhita conçu pour faciliter leur insertion professionnelle et culturelle et se sociabiliser. Ou bien encore pour y devenir animatrices d’atelier à leur tour, au titre de leurs talents propres.
Troisième public, les enfants en bas âge des personnes migrantes et des acteurs de terrain, grâce à une garderie aménagée sur place et animée par les Apprentis d’Auteuil Petite enfance. Quatrième et dernier public : le tout-venant, habitant du quartier et toute personne intéressée par le projet, en lien ou non avec l’Église et la foi chrétienne. Soit, d’après les chiffres communiqués par le diocèse, 150 personnes migrantes par jour, une cinquantaine d’enfants chaque semaine et, au total, 2000 bénéficiaires par an.
La genèse de ce projet remonte au 21 février 2017 lors du discours du pape François aux participants au forum international « Migrations et paix » où il exhortait les communautés chrétiennes à « accueillir, protéger, promouvoir et intégrer » toute personne migrante. Les autorités diocésaines d’alors, le cardinal André Vingt-Trois, épaulé par le Père Benoist de Sinety, avaient voulu prendre cet appel au sérieux. La pastorale diocésaine des migrants s’était alors vue confier le soin de réfléchir au projet, « en lien avec les structures partenaires, cinquante personnes migrantes et une centaine de bénévoles », précise le communiqué de presse. Avec un objectif : « manifester l’exigence évangélique de l’accueil de l’Église de Paris ». Ou, selon ce qu’en dit aujourd’hui le Père Laurent Stalla Bourdillon, directeur du service diocésain pour les professionnels de l’information (SPI), « donner de l’épaisseur et du crédit à la capacité d’un accueil humain » des personnes migrantes par les catholiques parisiens. En chemin, le diocèse a recueilli le soutien de la Ville de Paris, de la Région Ile-de-France et de diverses fondations d’entreprises.
Pour assurer le fonctionnement du centre, les autorités diocésaines prévoient un budget annuel de 470 000 euros. De quoi notamment salarier une directrice et un intendant. Ce dernier habite sur place, à l’instar de deux religieuses missionnaires de Saint-Charles, lesquelles devraient proposer aux personnes accueillies, qui le désirent, d’assister à leurs offices. Un aumônier a également été nommé en la personne du Père Michel Callies.
Il reste que le projet avait initialement été baptisé « Maison de la Rencontre ». Il a entretemps pris un nouveau nom pour éviter, d’après une source diocésaine, que certains ne confondent le projet avec une sorte d’agence matrimoniale diocésaine ! Et, peut-être, pour que suscite un écho plus profond, dans le cœur des catholiques parisiens, le thème retenu par le pape à l’occasion de l’édition 2021 de cette journée mondiale : « Vers un nous toujours plus grand ».