Un évènement est passé inaperçu en ce début d’année 2023 tout absorbé par la diffusion des nouvelles technologies du numérique. Le mardi 10 janvier 2023, en présence du rabbin Eliezer Simha Weisz, du cheikh Abdallah bin Bayyah, mais aussi du président de Microsoft, du vice-président mondial d’IBM, le Pape François a souligné l’urgence de pousser la réflexion éthique du numérique. Ce fut l’Appel de Rome ! En encourageant l’Académie Pontificale pour la Vie et la Fondation RenAIssance, François veut promouvoir une éthique partagée face aux grands défis qui nous attendent dans le domaine de l’intelligence artificielle. Il souhaite l’implication des religions juives et islamiques dans cet effort de penser l’éthique de l’Intelligence Artificielle, et ce dans la perspective de l’encyclique Fratelli Tutti, sur la Fraternité. Cette technologie sera au service du bien commun de tous et du soin de notre maison commune, seulement si nous la regardons à partir et en vue d’une culture de la fraternité. « La fraternité entre tous est la condition sine qua non pour que le développement technologique soit aussi au service de la justice et de la paix dans le monde » a rappelé François.
Il souhaite que la réflexion éthique sur l’usage des algorithmes - « l’algor-éthique » - soit de plus en plus présente non seulement dans le débat public, mais aussi dans le développement de solutions techniques. « Nous savons tous à quel point l’intelligence artificielle est de plus en plus présente dans tous les aspects de la vie quotidienne, tant personnelle que sociale. Cela affecte la façon dont nous comprenons le monde et nous-mêmes. Ces outils sont de plus en plus décisifs dans l’activité humaine et même contraignants dans la prise de décision humaine. (…) Il faut donc être vigilant et œuvrer pour que l’usage discriminatoire de ces instruments ne s’enracine pas au détriment des plus fragiles et des exclus. Souvenons-nous toujours que la façon dont nous traitons le dernier et le moindre de nos frères et sœurs témoigne de la valeur que nous accordons à toute vie humaine. On pourrait prendre l’exemple des demandeurs d’asile : il n’est pas acceptable que la décision sur la vie et l’avenir de quelqu’un soit confiée à un algorithme. »
« L’ampleur et l’accélération des transformations de l’ère numérique ont en effet soulevé des problèmes et des situations imprévus qui défient notre éthique individuelle et collective » (Discours à l’Assemblée plénière de l’Académie pontificale pour la vie, 28 février 2020). L’Appel de Rome soutient la promotion d’une anthropologie numérique, avec trois coordonnées fondamentales : l’éthique, l’éducation et le droit. François soutient la recherche des voies qui conduiront à une implication toujours plus grande de tous ceux qui, avec audace et discernement, portent le bien et l’unité de la famille humaine dans leur âme.
