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Reconnaître la « spiritualité dans la vie des peuples », pour « régénérer la politique »

Le jeudi 15 avril 2021, dans un message aux participants de la conférence internationale du Centre pour la théologie et la communauté (Centre for Theology & Community) le pape François a adressé un message particulièrement important sur le thème « une politique enracinée dans le peuple ».

François attire l’attention sur l’importance de la dimension spirituelle de la vie des peuples, pour régénérer la politique. Il cherche à restituer à la vie sociale le bénéfice de la vie spirituelle. En effet, François voit dans la vie spirituelle une authentique ressource pour la vie sociale. C’est seulement à condition de prendre en compte les aspirations spirituelles des peuples que la vie politique peut se régénérer. Il pourra sembler à certains que le Pape intervient dans le champ politique de manière excessive.
Or, pour sortir d’une excessive moralisation de la société – comme nous le voyons - et sortir d’une politique qui moralise tous les sujets économiques, écologiques, éducatifs… , il faut renouer avec les aspirations spirituelles des citoyens. L’humanité que nous avons tous en partage est la gardienne du bien commun. Quel humanisme inspire aujourd’hui la vie politique ?
Il semble bien que les politiques se sont trop souvent déterminées sans une juste considération des peuples sinon contre les peuples et pour des intérêts économiques. Il s’en est suivi un paternalisme politique chargé de pourvoir aux besoins des personnes mais sans elles.

François suggère donc que les communautés de foi fassent primer les aspirations spirituelles communes sur l’individualisme, qu’elles remettent la vie de l’esprit dans la pensée politique. En se rencontrant et en travaillant pour et avec les peuples, elles installent une politique de fraternité qui impose à la politique des valeurs humaines trop négligées. C’est la politique définie comme « service », une politique non seulement pour le peuple mais avec le peuple, enracinée dans leurs communautés et dans leurs valeurs. Le mépris de la culture populaire est le début de l’abus de pouvoir, assure François. Qui ignore les pauvres, et leurs aspirations spirituelles, ne pourra jamais promouvoir le bien commun.

Populisme et individualisme ne se combattent qu’au moyen de la fraternité déjà présente au cœur de la vie naturelle des familles et des peuples. Dans la vision populiste, le peuple n’est pas le protagoniste de son destin, il finit en débiteur d’une idéologie.
Les valeurs spirituelles sont à la source de la dignité des peuples. Rien ne serait plus méprisant que la disqualification des valeurs qui naissent de la rencontre avec Jésus-Christ et qui ont façonné les milieux populaires : justice, partage, solidarité, humble conscience de la finitude humaine et de la transcendance divine. Au fond, le respect des peuples implique de respecter ses institutions, y compris religieuses. François suggère donc que les pasteurs et les communautés catholiques du monde s’impliquent davantage au service des mouvements populaires à partir desquels, la vie politique pourra retrouver son crédit, sa vitalité et la confiance des populations.
« Si l’Église ignore les pauvres, elle cesse d’être l’Église de Jésus et elle revit les anciennes tentations de devenir une élite intellectuelle ou morale » écrit François. Il exprime ainsi sa volonté de répondre aux aspirations humaines des personnes et à leur déception face aux institutions religieuses et politiques. En effet, « une politique qui ignore les pauvres ne pourra jamais promouvoir le bien commun ».
L’Eglise n’est jamais autant elle-même que lorsqu’elle apporte consolation et réconfort au cœur des communautés les plus pauvres. Elle retrouve sa vigueur missionnaire, « car c’est ainsi que l’Église est née, à la périphérie de la Croix ». La vigueur missionnaire s’est éteinte en Europe car son engagement social s’est attiédi. La sécularisation des sociétés européennes est le fruit d’un progressisme à dominante individualiste, et le manque de foi et d’espérance en Dieu est lié au manque d’amour des plus petits.

François juge indispensable que les communautés de foi se rencontrent, fraternisent, travaillent « pour et avec » toutes les catégories formant une société. Elles peuvent résister au phénomène d’archipélisation, bien théorisé en France où les groupes sociaux dérivent et s’éloignent les uns des autres, faisant perdre à la société son unité et son avenir.
François entend assumer une culture du dialogue comme chemin, une collaboration réciproque comme conduite et une meilleure connaissance réciproque comme méthode et critère. François aura ainsi exhorté au renouveau d’une vie politique au service des peuples parce qu’inspirée par les peuples. L’avenir se construit par en bas, à partir d’un authentique service des pauvres, gage de la grandeur humaine, de confiance et d’unité.

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Père Laurent Stalla-Bourdillon

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