A l’heure où le Président de la République découvrait, dans une mise en scène soignée, la beauté de Notre Dame de Paris restaurée et rendue à sa double gloire de cathédrale de Paris et de monument historique et touristique le plus visité de France, le journal La Croix révélait en partenariat avec France Info, les résultats d’un sondage de l’institut Verian sur la perception de Notre-Dame dans l’esprit des Français.
Les résultats sont assez vertigineux de contraste. En effet, Notre-Dame n’occupe pas la même place dans le cœur de tous les Français. Le sondage révèle même un clivage selon l’appartenance religieuse. Que les catholiques soient à 81% attachés à Notre-Dame de Paris n’est pas une surprise, mais l’indifférence et l’ignorance ont fait leur chemin dans l’opinion. Seuls 13% des Français identifient Notre Dame, en premier critère, à un lieu de culte, et 29% tous critères confondus. C’est une décorrélation spectaculaire entre la cathédrale et sa fonction cultuelle. L’intense activité cultuelle qui s’y déployait avant l’incendie semble être largement ignorée, de même que la formidable respiration spirituelle qu’elle proposera dès sa réouverture mérite d’être connue. N’est-ce pas parce qu’elle nous relie à Dieu, au Dieu d’amour invincible et à Marie, la Mère de Jésus, que la cathédrale Notre Dame de Paris emporte une telle admiration dans le monde ?
« La tendance lourde est celle d’une crise de la spiritualité mais compensée par une patrimonialisation du religieux » explique Philippe Portier, éminent sociologue des religions [1]. On voit mal cependant en quoi la patrimonialisation du religieux compense la perte d’incarnation de la vie spirituelle et religieuse en France. Disons-le sans crainte, l’heure vient où les cathédrales risquent de devenir les emblèmes d’une expression religieuse révolue. Alors comment lui rendre la puissance de son message ?
En consentant à un effort prononcé pour dire la signification de ce que représente une cathédrale. Il s’agit de le dire au fond et non dans la superficialité historique, le dire dans l’ordre du devenir de l’humanité aujourd’hui, du chemin actuel de toute personne et non en écho à des croyances passées.
C’est ainsi qu’ayant eu la possibilité de commenter la visite du Président de la République depuis les plateaux de BFM TV, ce vendredi 29 novembre, j’ai prononcé les paroles suivantes :
« la visite a commencé sur le parvis de la cathédrale où tous ensemble ils ont levé la tête vers cette magnifique façade, avec tout son statuaire admirable. Il faut dire ici aux téléspectateurs que la cathédrale avec son statuaire raconte une histoire ! Si quand ils sont entrés dans la cathédrale, ils sont tombés sur le nouveau baptistère, qui est vraiment une grande nouveauté - car il n’y avait pas de baptistère à cet endroit-là, - le baptistère est ce qui prélude à la vie nouvelle d’un homme qui entre dans une vie nouvelle qui lui vient du Christ. »
« … la cathédrale Notre-Dame de Paris désigne surtout une Dame, une personne, c’est la Vierge, la mère du Christ. Elle est importante car elle met au monde le Christ, qui, pour les chrétiens, est celui qui restaure précisément ce qui doit être restauré dans le cœur des hommes. C’est le chef-d’œuvre ultime, si vous voulez ! (…) Notre Dame de Paris, la plus belle cathédrale du monde nous dit le plus beau message que le monde a besoin d’entendre aujourd’hui. »
« … des termes particuliers ont été utilisés, comme le mot d’« ambon », c’est un pupitre et il y a « l’autel », qui est authentiquement une table. On vient s’y nourrir et c’est là qu’est réalisé et célébré le sacrifice de la messe. Il faut dire et rappeler que dans une cathédrale comme dans une église, nous y entrons essentiellement pour faire deux choses : pour entendre une parole, une parole qui est proclamée depuis ce pupitre, qu’on appelle l’ambon, une parole qui vient éclairer le cœur de l’homme, sur son chemin, sa destinée, qui vient aussi le consoler. Et puis nous y venons pour prendre des forces. C’est-à-dire , qu’on vient se nourrir d’une nourriture qui donne de la force.
C’est essentiellement l’Esprit de Dieu, c’est-à-dire l’amour dont Dieu nous aime, qui est célébré et qui est donné lorsque le prêtre célèbre la messe à l’autel. »
« Notre-Dame est la même et ce n’est pas la même. Pas la même parce que l’ancienne avait des siècles d’histoire et d’usure, et c’est la même car elle sera, par sa nouveauté, sa blancheur, pour les siècles qui viennent et qui sont devant nous ».