Le jeudi 8 mai 2025 au terme d’un conclave commencé la veille, et au 4ème tour de scrutin, le cardinal Robert Francis Prévost recueille les deux-tiers des voix des cardinaux enfermés dans la chapelle Sixtine. Pour faire un Pape, il faut beaucoup de prières, du silence et du secret. Avec le secret du conclave s’opère dans les consciences des cardinaux, le travail de l’Esprit-Saint. Dans la conscience de celui qui se voit arriver en tête des votes et se prépare à la grande décision, dans la conscience de ceux qui lui apportent leur suffrage au fil des scrutins, bien qu’il ne fût pas leur candidat au départ. Les cardinaux sont des frères dans le Seigneur qui cherchent le bien de l’humanité. Le secret du conclave est le secret du travail du Maître. À la question qui lui fut alors posée, « acceptes-tu la charge de successeur de Pierre et d’évêque de Rome ? », sa réponse positive, fit de lui le nouveau Pape. En effet, seul son « oui » à l’appel du Seigneur par le choix des cardinaux, le fait Pape. Il choisit de porter le nom de Léon XIV et devint le 267ème pape de l’histoire.
Qui est-il ? Il nait à Chicago en 1955, le jour de la fête de la croix glorieuse, le 14 septembre. Il a des ascendances familiales italienne, espagnole et française. Ordonné prêtre en 1982 dans l’ordre de Saint Augustin, il se distingue par ses études de mathématiques, puis de philosophie et de droit canonique. Brièvement missionnaire au Pérou, il y reviendra durant 11 ans comme enseignant, et plus tard encore en 2014 comme évêque. Connu et apprécié du pape François, qui commence alors son pontificat, il l’accueillera au Pérou en 2018 à l’occasion d’un des voyages de François qui ne cessera plus de lui confier des responsabilités en l’appelant à Rome. Ainsi en 2019, il devient membre du dicastère pour le clergé, en 2020 du dicastère pour les évêques, dont il prend la direction en 2023. Polyglotte, il maîtrise l’anglais, l’italien, l’espagnol et le portugais. Cet homme d’écoute a une grande expérience pastorale et religieuse et d’aucuns le décrivent comme un homme serein. A n’en pas douter, il sera Léon Le Pacifique.
La paix ! C’est par ce mot qu’il a voulu inaugurer son pontificat du balcon de la basilique Saint Pierre, rappelant ainsi l’annonce du Christ ressuscité à ses apôtres apeurés. Paix pour les familles, paix pour les peuples, paix pour la terre entière ! Un serviteur de Dieu est un artisan de paix. La paix est un don de Dieu rappelle-t-il immédiatement. Elle vient de l’amour de Dieu, de l’amour dont Dieu nous aime tous. Une paix à la fois désarmée et désarmante. En hommage au pape François, dont il est indéniablement un ultime cadeau, Léon XIV rappelle que le monde a besoin de la lumière de Dieu, de ponts, de dialogues et de rencontres. Il rappelle que l’Eglise est en mission pour proclamer l’Evangile, et enseigner ce que signifie connaître Jésus-Christ.
Léon XIV sera donc un pape social à l’heure de la révolution phénoménale de l’intelligence artificielle. Il sera un pape synodal a l’heure de se mettre à l’écoute de ce que l’Esprit-Saint dit dans l’Eglise et en dehors de l’Eglise jusqu’aux périphéries du monde. Il sera enfin un pape serviteur car il se sait engagé dans l’accomplissement de l’œuvre d’un Autre, l’œuvre du Seigneur et non la sienne. La fonction va le transformer et l’Esprit-Saint qui l’a choisi, va le former intérieurement pour que sa parole dirige l’Eglise, fortifie la foi et rende l’espérance à tous. Il sait que l’Eglise grandit dans les âmes, et combien toute personne en ce monde est en marche vers la Patrie. En jeune disciple du pape François, il avait perçu le défi de la polarisation du monde moderne, il avait appris que l’idéologie empêche le dialogue et que l’unité seule doit être le principe de gouvernance.
A la chapelle Sixtine, le 9 mai 2025, Léon XIV a fait de l’annonce du « Christ, Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16) le cœur de sa première homélie. L’Eglise, servante de l’unique Sauveur et révélateur du visage du Père, telle un phare qui éclaire les nuits du monde, doit l’annoncer à travers la sainteté de ses membres. « Nous sommes appelés à témoigner de la foi joyeuse en Jésus Sauveur ». La tonalité de son pontificat était donnée lorsqu’il souligna un engagement inconditionnel pour quiconque exerce un ministère d’autorité dans l’Église : « disparaître pour que le Christ demeure, se faire petit pour qu’Il soit connu et glorifié (cf. Jn 3, 30), se dépenser jusqu’au bout pour que personne ne manque l’occasion de Le connaître et de L’aimer. »
C’est vers la Vierge Marie, la mère de Jésus, qu’il a adressé sa toute première prière de Pape. Qu’elle le garde et le protège.