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La dissolution de l’Assemblée nationale stoppe la folie de l’euthanasie

La dissolution de l'Assemblée nationale stoppe la folie de l'euthanasie

Les élections européennes de 2024 auront eu raison de l’Assemblée nationale. Le Président Emmanuel Macron en annonça la dissolution au soir du scrutin qui ne concernait pourtant que le parlement de Strasbourg. Les résultats des élections avaient valeur de vote sanction pour la politique du gouvernement, mais aussi pour l’invraisemblable chaos de l’Assemblée nationale elle-même. Le retour des Français aux urnes était impossible à esquiver. Que s’est-il passé le 9 juin 2024 ?
Par une sorte de justice immanente, l’Assemblée nationale était stoppée net dans ses travaux. On se souviendra donc que le dernier article voté par cette législature, le 7 juin 2024 jour de la fête du Sacré Cœur, était l’article 6 de la loi promouvant l’euthanasie, pudiquement rebaptisée « aide à mourir ». Corrélation n’est pas causalité, toujours est-il que le résultat est le même : le projet de loi instaurant le suicide assisté et l’euthanasie était ajourné sine die. C’est heureux.
En effet, nous pensions que la peine de mort était abolie en France depuis la loi du 9 octobre 1981, une loi portée par Robert Badinter, promouvant la dignité humaine. Or, après ce vote du 7 juin 2024, la peine de mort avait été mystérieusement réintroduite en France, non plus dans le code pénal, mais dans le code de la santé publique. L’article 6 précisait « les conditions d’accès à cette aide à mourir. Sont éligibles à cette aide les personnes âgées d’au moins 18 ans, de nationalité française ou résidant de façon stable et régulière en France, capables de manifester leur volonté de façon libre et éclairée, atteintes d’une affection grave et incurable engageant son pronostic vital et présentant une souffrance physique ou psychologique réfractaire ou insupportable liée à cette affection. »
Ce n’était plus un juge qui décidait d’une peine capitale pour un crime commis, c’était le patient lui-même qui jugeait que sa vie méritait la mort. Sa souffrance et son pronostic vital étant engagés, il devait apparaître au jugement de sa conscience, de celle des médecins et surtout de celle de 51 députés favorables, qu’il était judicieux d’abréger sa vie. Quel était son crime ? Sa faiblesse, sa souffrance insupportable et son désespoir. Se résignant à ne plus pouvoir l’accompagner, il aura été décidé en France, à l’heure de la commémoration des 80 ans du débarquement allié libérant l’Europe de la barbarie nazie, que l’heure était venue de légaliser la mort volontaire dans un cadre hospitalier.
Comment 51 députés seulement pouvaient-ils à eux seuls emporter une si redoutable décision ? Ce séisme était la traduction d’un véritable effondrement anthropologique qui a vu disparaître la certitude que la vie d’un individu excédait la seule vie biologique de son corps. Les effets du positivisme matérialisme athée omniprésent depuis un demi-siècle apparaissaient au grand jour dans la loi française : la vie d’une personne se réduit à sa vie biologique. C’est la rupture la plus grave jamais connue en France. Une rupture anthropologique puisqu’elle concerne l’idée que nous nous faisons de ce qu’est une personne, de la valeur de sa vie et de sa destinée. Une vie pouvait donc ne plus avoir de valeur qu’il faille se résigner à la perdre. Dans une République laïque, il n’y aurait pas de place pour une autre vision de l’homme ? L’anthropologie inscrite dans la loi française serait une anthropologie matérialiste et nihiliste. Il n’en sera rien. La dissolution providentielle en a décidé autrement. Malgré lui sans doute, le Président de la République mit un terme à ce processus stupéfiant.
Après tout, nous n’avons dans l’hémicycle que ce que nous avons poussé dans notre système éducatif depuis des décennies : un être humain réduit à la nature animale. Et s’il n’est plus possible de le soigner, il devient légal de l’achever avec son consentement. On achève bien les bêtes. Cette sordide comparaison est précisément ce qui a donné au courageux député Pierre Dharreville la force de s’exprimer en des termes d’une extraordinaire gravité : « j’ai accepté ce débat éprouvant, écouté et cherché à comprendre. Nous avons eu du mal à réfléchir ensemble et à nous rencontrer. Et il y a quelque chose d’assez irréductible qui m’oppose à la vision du genre humain que traduit ce texte. C’est pour moi une loi brutale, une loi sans rivage et un terrible message de renoncement et d’abandon qui ne sera pas sans conséquence sur la vie sociale, sur la solidarité, sur le soin. Je suis profondément affecté par les décisions qui ont été prises et saisi de vertige. Nous sommes dans la pente, et pour ce qui me concerne j’arrête la glisse. Désormais vont se discuter des démarches qui me sont trop étrangères, qui ont trop peu de sens à mes yeux pour que j’y fasse entendre quelque chose. Nous sommes à chaque pas dans des impasses. Je ne sais plus aider à faire moins pire. Je vais reprendre des forces. (…) Je veux simplement dire à celles et ceux qui doutent souvent en silence que cette loi compte tenu de la gravité ne pourrait, ne peut être adoptée avec le moindre doute. » Il n’imaginait pas que son propre retrait de l’examen du texte, serait bientôt suivi de la fin de toute cette législature.

La vision du genre humain promue dans cette loi voulue par le Président Emmanuel Macron était en effet brutale. Elle signait l’abandon à la mort des plus précaires de nos compatriotes. Il fallait s’alarmer que 502 députés aient jugé bon d’être absents. Où étaient les représentants du peuple français ? Comment se fait-il qu’aucun quorum ne soit requis pour qu’un texte aussi grave puisse être voté par 10% des députés seulement ? 90 % des députés avaient-ils eu peur de s’opposer à une loi inique ? Serait-ce qu’un régime de la peur s’était installé ? La peur de ne pas correspondre à l’air du temps dicté par les sondages et la fabrique de l’opinion...
Le salaire de la peur est toujours la mort. Non la sienne, mais celle de plus fragiles qui réclament notre aide et notre soutien. 80 ans après le débarquement, il fallait se souvenir que les soldats engagés au combat n’ont pas craint la mort pour délivrer la France d’une idéologie nazie qui semait la mort en Europe éliminant les plus faibles et voulant purifier l’espèce humaine d’une « race inférieure ». La loi sur l’euthanasie en 2024 aura été défaite par les résultats des élections européennes. La dissolution empêche temporairement l’étrange capitulation devant l’idéologie autoritaire de l’individualisme triomphant. Et c’est là la seule bonne nouvelle...


Père Laurent Stalla-Bourdillon

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