Le Pape François n’ignore pas les défis que rencontre le monde du journalisme. Il sait combien les enjeux économiques et politiques ont investi les champs de l’information. Les logiques concurrentielles de la fabrique de l’opinion voient l’information céder le pas à l’émotion, qui se nourrit de divisions et de scandales.
A l’approche du synode portant sur la synodalité dans l’Eglise, le Pape François sait bien l’importance de la traduction qu’en feront les médias à travers le monde. Du traitement médiatique de ce synode va dépendre une part indéniable de la compréhension par l’opinion publique et par les fidèles eux-mêmes de ce qui est en jeu dans les travaux du synode. Recevant une délégation de journalistes italiens au Vatican, le samedi 26 août 2023, François leur a demandé un service : ne pas parler du Synode sur la synodalité « avec des histoires toutes faites » mais de présenter « ce processus pour ce qu’il est réellement ». Et il précisait : « C’est une chose que l´Église offre au monde aujourd´hui, un monde qui est si souvent incapable de prendre des décisions, même si notre survie est en jeu. Nous essayons d´apprendre une nouvelle manière de vivre les relations, de nous écouter mutuellement, afin d´entendre et de suivre la voie de l’Esprit. Nous avons ouvert nos portes. Nous avons offert à chacun la possibilité de participer. » François entend partager à tous, une méthode, la méthode de l’Eglise pour entrer et descendre ensemble au cœur des défis contemporains, et non pour les surplomber, les contourner ou en faire l’affaire de quelques-uns seulement.
Ce sont en effet les dangers d’un réductionnisme médiatique fait d’aprioris et d’un traitement superficiel du sujet qui guettent l’évènement si important du Pontificat du Pape François qu’est le Synode. Entre ce qui se déroule réellement et ce qu’on en raconte, se joue la fabrique de l’opinion. François a donc voulu rappeler que l’univers de l’information était lui aussi sujet à des péchés. Par ailleurs, le Pape François est revenu sur la « désinformation » et les fake news, qui veulent orienter l’opinion publique et représentent selon lui « le premier péché du journalisme ». « La désinformation est l’un des péchés du journalisme, qui sont au nombre de quatre : la désinformation, quand un journaliste n’informe pas ou informe mal ; la calomnie (parfois utilisée) ; la diffamation, qui est différente de la calomnie mais détruit ; et le quatrième est l’amour pour le scandale », a-t-il détaillé devant la délégation de journalistes.
Enfin, après être revenu sur l’importance de la culture numérique, le Souverain pontife a invité son audience à ne pas se « laisser influencer par le langage de la haine ». « Ne cédons pas à une logique de l’opposition. Ne nous laissons pas influencer par le langage de la haine. Dans la conjoncture dramatique traversée par l´Europe à cause de la prolongation de la guerre en Ukraine, nous sommes appelés à réveiller notre sens de la responsabilité. »