analyse-decryptage/article/joie-de-paques-joie-pour-tous

Service pour les professionnels de l’information

Le service pour les professionnels de l’information (SPI) est dirigé par le père Laurent Stalla-Bourdillon. Ce service est destiné à tous les acteurs du monde des médias.

Contact

26, rue du Général Foy, 75008 Paris
Par email
06 40 08 41 94

Suivez-nous

JOIE DE PÂQUES, JOIE POUR TOUS

Le chemin de croix du Vendredi Saint invite à contempler Jésus, à suivre son ultime parcours terrestre avant sa mort. Ces quelques pas faits avec lui permettent de retrouver la véritable finalité de notre existence, que seule l’intelligence du cœur peut déceler. Non visible aux sens, elle se révèle dans la profondeur de l’âme.

Osons le dire : l’être humain n’est pas fait pour ce monde uniquement, mais pour un Royaume que Jésus appelle « mon Royaume ». Ce Royaume n’est pas un ailleurs spatial, mais une réalité spirituelle qui vient de l’intérieur. C’est en notre for intérieur que s’opère la rencontre avec le divin, que s’éveille la conscience de notre véritable destinée. Notre époque se plait à disqualifier cette perspective de vie au motif qu’elle serait le fruit de notre imagination, une simple production du cerveau. Il n’est pourtant par difficile de reconnaître que nous ne nous sommes pas faits nous-mêmes. Nous ne sommes pas à nous-mêmes notre propre origine, pas plus que le monde ne s’est auto-produit sans raison. Tout ce monde visible est le signe d’une réalité invisible.

Ce Royaume est la communion d’amour entre Jésus et Dieu son Père, une relation où l’amour est don de soi et accueil de l’autre. Toute peur y disparaît, car l’amour seul règne et donne la vie. Jésus, en mourant, s’abandonne avec confiance dans les bras de son Père, et en cela, il ouvre pour chacun le chemin vers la Vie éternelle. Il nous y engage. Sa mort n’est pas une fin absurde : elle est offrande de lui-même et passage vers la vie. Notre époque contemporaine, trop souvent, ne voit dans la mort qu’une cessation biologique, oubliant le désir profond de bonheur que porte chacun, aussi essentiel que les battements de notre cœur.

Ce désir de vie heureuse est le signe en nous d’une présence préalable, d’un appel divin à la plénitude. L’être humain est le seul à pouvoir et à devoir donner un sens à sa vie, et donc à sa mort. Cette confiance se vit très concrètement à l’heure de la mort, vécue comme un passage vers l’invisible, vers l’amour, vers l’éternité. Toutes les grandes civilisations ont pressenti cette réalité. Nous devons la redécouvrir : l’être humain n’est accompli qu’à l’heure de sa mort. Avant cette heure inéluctable, il demeure en croissance, en germination spirituelle. Ce germe de vie éternelle, déposé en chacun, croît dans une coopération entre l’élan de l’homme et la grâce de Dieu. Par les vertus humaines de force, de courage, de justice et de tempérance, l’homme s’exerce à devenir libre. Et Dieu l’élève vers lui par les vertus théologales de foi, d’espérance et de charité. Aucun homme ne naît achevé. Tout commence avec l’éveil de la vie spirituelle. L’invisible en l’homme le prépare à sa destinée éternelle.

Lorsque ces vertus sont pleinement épanouies, l’âme est prête à voir Dieu tel qu’il est, à l’aimer comme il s’aime. L’amour reçu de nos parents, même imparfait, sera transfiguré par l’Amour divin et nous nous connaitrons nous-mêmes comme Dieu nous connaît. Car nous ne sommes pas seulement enfants de nos parents : nous sommes fils et filles du Dieu vivant. Ce réveil de l’identité divine en nous est le cœur même de l’espérance chrétienne.

Cette connaissance lumineuse de soi dans la lumière de Dieu est la béatitude. Même notre corps y participera, renouvelé, ajusté à l’âme glorifiée : « Ainsi tout au long de notre vie, il se fait en nous une germination de vie éternelle. Si nous savons que la germination du blé donne 30, 60 et même 100 pour 1, que sera dans l’ordre surnaturel la germination de la vie éternelle. »
N’ayons plus peur d’interroger ce qu’est un être humain ! Une jeunesse se lève qui entend répondre à cet appel dans leur âme. L’homme n’est pas un simple organisme biologique. Il est un chef-d’œuvre spirituel, capable de penser, d’aimer, de choisir selon la volonté divine. Vivre uniquement pour ce monde, c’est déjà entrer en enfer. L’enfer, c’est la résignation à l’absence de sens, sans la résurrection. En Jésus, l’homme apprend à respirer à partir de la profondeur de son être, de son cœur. Il apprend à faire de sa vie un don pour les autres, à s’engager pour l’amitié et la paix, à aimer comme Jésus.

En Jésus, l’être humain redécouvre l’essentiel. L’heure est venue. Le seul véritable combat qui vaille n’est pas celui des armes, mais celui de l’esprit : ce combat intérieur pour refuser la résignation, et pour ne pas répliquer au mal par le mal, ni à la mort par la mort. Tant que l’humanité négligera ce combat-là, elle s’autodétruira. Le mal défigure le monde. Seul l’amour peut rendre à l’homme son vrai visage et sa ressemblance divine. Et ce choix, chacun doit le faire. Le faire aujourd’hui.
Deux voies se dessinent : vivre pour le monde, ou vivre dans ce monde pour l’éternité. On reconnaît les seconds à leur liberté face aux pouvoirs, à leur amour les uns pour les autres, à leur humilité. Ils veulent être traversés par l’Amour divin, et devenir image vivante du Christ serviteur.
Jésus révèle la véritable nature humaine : une vie pleinement humaine est ouverte à Dieu. Sans cette ouverture, l’homme se replie, se perd dans une idolâtrie de soi perfectionnée par sa technique. Oublier sa véritable nature, c’est ouvrir la porte aux grandes tragédies de l’histoire.
L’humanité demeure en quête de sens, de vérité. Elle ne cesse pas de progresser en ce sens. Il faut l’aider de tout notre cœur.

Notre monde devient inhumain lorsqu’il nie le destin spirituel de chaque enfant. Lorsque l’être humain est réduit à un produit, à un déchet, à un coût. Il ne pourra supporter sa vie s’il ignore qu’elle le destine à la gloire.

Cette aventure spirituelle, offerte par pure grâce, connaîtra un accomplissement lumineux. Désirons-la avec gratitude. Ne cédons pas à la tentation d’un monde sans grâce, fait « de calculs et d’algorithmes, de logiques froides et d’intérêts implacables ». Tout dans la vie porte la marque de la gratuité divine. Il suffit d’ouvrir les yeux. Faisons-le vite avant que trop de violences ne nous obligent à détourner le regard pour ne pas les voir.

Seule la foi en Jésus ouvre les yeux sur le trésor caché en ce monde qui passe : la promesse d’une vie qui ne passe pas. Elle offre le pardon, la réconciliation, le relèvement. Le désespoir est la plus terrible des tentations démoniaques : l’éternelle perte du sens. Jésus connaît chacun de nous par le cœur. Il connaît nos âmes comme un sanctuaire fait pour sa présence.

Ressuscité puis glorifié, le corps de Jésus garde pour toujours les stigmates de sa Passion qui sont la preuve visible de son amour invincible. Sur lui, la mort n’a plus aucun pouvoir. En lui, tout homme peut renaître à une vie sans fin. Sa couronne d’épines, mystérieuse parure de souffrance, rayonne du triomphe de l’amour. Là où nos pensées nous égarent dans le tumulte et la peur, le Christ vient poser une voûte de lumière : il renouvelle et transfigure l’esprit en un sanctuaire secret, où l’amour seul établit sa demeure.

À Pâques, toute l’humanité peut comprendre que seule la Vie divine est digne de l’homme. C’est la joie de la Résurrection de Jésus ! La paix sur terre passe par la renaissance de chacun à la conscience que seul l’amour fait vivre. Tel est le don de la fête de la Pentecôte : l’Esprit-Saint, l’Esprit du Père et du Fils en nous, source de vie nouvelle et de joie parfaite. L’humanité n’est pas abandonnée à une solitude sans horizon, elle est aimée et soutenue pour que resplendisse en elle l’amour dont elle est aimée, dont elle est vivante.


Père Laurent Stalla-Bourdillon

Vous pourriez aimer lire :