François apôtre de la douceur devient un intercesseur
En ce matin lumineux du lundi de Pâques, le monde entier apprenait la mort du Pape François, à l’âge de 88 ans, après douze années d’un pontificat marqué par la ténacité et la lucidité. Cette date n’est pas un hasard : c’est dans la joie de Pâques, que le Seigneur appelle son Serviteur François dans sa Lumière éternelle. Pâques célèbre la victoire du Christ sur la mort qui devient pour lui le seuil de la Vie éternelle. L’Église, dans sa prière, confie son âme à l’amour du Christ, juge miséricordieux, à son Esprit-Saint feu purificateur et à la tendresse du Père, source de toute paix. Sa mort, survenue au cœur du Jubilé de l’Espérance 2025, est plus qu’une coïncidence : elle est un signe, un appel à croire que la mort n’est pas la fin, mais le passage vers Celui qui relève et ressuscite. En ce lundi de Pâques, François est né à la Vie qui ne connaît plus de fin. Il voit dans la pleine Lumière Celui qu’il a aimé et servi.
Avec sa disparition, c’est une voix de la conscience universelle qui s’est tue. Une voix qui, avec douceur et gravité, pesait dans les consciences. Jusqu’au bout, il s’est tenu debout dans la foi, portant son corps affaibli comme un calice offert. Il savait que l’humanité, en ce début de XXIe siècle, est confrontée au défi de son unité, à la tentation de la division, au repli, à la violence. Il appelait chacun par sa bonté courageuse, à faire passer l’unité avant l’intérêt personnel, la fraternité avant l’identité jalousement repliée sur elle-même. Il était le Pasteur d’un peuple chrétien, et le serviteur d’une humanité en quête d’amitié et de paix.
Son pontificat aura réveillé l’Église. Par son nom, François, par ses gestes simples, ses paroles limpides, il l’a orientée vers les "périphéries", vers ceux qui n’ont plus de voix ni de nom. Il rêvait d’une Église pauvre pour les pauvres, hospitalière et généreuse. Il voyait l’Église comme un hôpital de campagne, proche des blessures, proche des cœurs meurtris. Ce pape jésuite gouvernait avec fermeté, mais son autorité était pleine de douceur. À l’école de Jésus, doux et humble de cœur, il avait fait sienne cette parole de saint Vincent de Paul qu’il cite dans sa dernière lettre encyclique, sur l’amour du cœur de Jésus : « “Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur” ; considérant que, par la douceur on possède la terre, c’est en agissant dans cet esprit, qu’on gagne les cœurs des hommes, pour les convertir à Dieu, à quoi l’esprit de rigueur met empêchement ». (S. Vincent de Paul, Règles communes, II, 6.)
Pour lui, Dieu n’était pas venu à nous dans la puissance, mais dans l’humilité. Le Dieu d’Israël se cache dans les plis de l’histoire, se laisse rejeter, attend d’être accueilli. Il mendie notre liberté pour pouvoir répandre sa gloire. En Jésus, Dieu s’est abaissé jusqu’à la poussière, pour élever chacun jusqu’à la dignité d’enfant de Dieu. Et la seule véritable réponse à cet amour, est l’amour du prochain ! C’est ce qu’il enseignait en Jordanie en 2014, dans son homélie lors de la Messe à Aman : « Je demande à Dieu de préparer nos cœurs à la rencontre avec nos frères au-delà des différences d’idées, de langues, de cultures, de religions ; demandons-lui d’oindre tout notre être de l’huile de sa miséricorde qui guérit les blessures des erreurs, des incompréhensions, des controverses ; demandons-lui la grâce de nous envoyer avec humilité et douceur sur les sentiers exigeants, mais féconds, de la recherche de la paix ».
François, serviteur du Christ ressuscité,
François, homme de paix,
François que le Seigneur accueille en son Royaume,
Intercède pour notre monde divisé,
Intercède pour l’humanité une, blessée, appelée à la fraternité.