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François, un pape au service de l’amitié

Le Pape François, pèlerin acharné de l’amitié et de la paix, a entrepris un voyage apostolique en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Timor oriental et à Singapour. Le 5 septembre 2024, à la Mosquée Istiqlal (Jakarta, Indonésie), le Pape a signé une déclaration commune avec Nasaruddin Umar, le grand imam de la mosquée Istiqlal de Djakarta. Fidèle à l’esprit de saint François d’Assise dont il a pris le nom, le pape tient le dialogue pour indispensable afin de « contrecarrer l’extrémisme et l’intolérance, lesquels – en déformant la religion – tentent de s’imposer en se servant de la supercherie et de la violence ». Comme il l’avait fait en 2019 à Abu Dhabi avec le grand imam d’Al-Azhar Ahmed Al Tayeb (document sur la fraternité humaine), Nasaruddin Umar et François entendent promouvoir l’harmonie religieuse pour le bien de l’humanité. Dans son discours le Pape a mis en lumière les enjeux du dialogue avec l’islam, en partant de la réalité de ce tunnel souterrain - le “tunnel de l’amitié” - reliant la mosquée d’Istiqlal à la cathédrale Sainte-Marie-de-l’Assomption. Afin d’encourager tous les fidèles sur le chemin de l’unité et de l’harmonie, et « d’écarter la rigidité, le fondamentalisme et l’extrémisme, qui sont toujours dangereux et jamais justifiables », le Pape a attiré l’attention sur les réalités profondes et invisibles et sur l’importance des liens.
Voici ce qu’il disait : «  il faut regarder toujours en profondeur, car c’est seulement là que l’on peut trouver, au-delà des différences, ce qui unit. En effet, tandis qu’en surface il y a les espaces de la mosquée et de la cathédrale, bien définis et fréquentés par leurs fidèles respectifs, sous terre, le long du tunnel, ces mêmes personnes différentes se rencontrent et peuvent accéder au monde religieux de l’autre. (…) : les aspects visibles des religions - les rites, les pratiques, et autres. - constituent un patrimoine traditionnel qui doit être protégé et respecté ; mais ce qui se trouve “en dessous”, ce qui coule de façon souterraine comme le “tunnel de l’amitié”, c’est-à-dire la racine commune à toutes les sensibilités religieuses est unique : c’est la quête de la rencontre avec le divin, la soif d’infini que le Très-Haut a mis dans notre coeur, la recherche d’une joie plus grande et d’une vie plus forte que n’importe quelle mort qui anime le cours de notre vie et nous pousse à sortir de nous-mêmes pour aller à la rencontre de Dieu. (…) En regardant en profondeur, en saisissant ce qui coule au plus profond de nos vies, ce désir de plénitude qui habite le fond de nos cœurs, nous découvrons que nous sommes tous frères, tous pèlerins, tous en marche vers Dieu, au-delà de ce qui nous différencie. »
La seconde réalité consiste à « prendre soin des liens. Le tunnel a été construit d’un côté à l’autre pour créer un lien entre deux endroits différents et éloignés. C’est ce que fait le passage souterrain : il relie, c’est-à-dire qu’il crée un lien. On pense parfois que la rencontre entre les religions consiste à rechercher à tout prix un point commun entre des doctrines et des professions religieuses différentes. En réalité, il peut arriver qu’une telle approche finisse par nous diviser. Car les doctrines et les dogmes de chaque expérience religieuse sont différents. Ce qui nous rapproche vraiment, c’est de créer une liaison entre nos différences, de veiller à cultiver des liens d’amitié, d’attention, de réciprocité. Ce sont des relations par lesquels chacun s’ouvre à l’autre, par lesquels on s’engage ensemble à chercher la vérité en apprenant de la tradition religieuse de l’autre et à nous venir en aide dans nos besoins humains et spirituels. Ce sont des liens qui nous permettent de travailler ensemble, de marcher unis dans la poursuite d’objectifs, la défense de la dignité humaine, la lutte contre la pauvreté, la promotion de la paix. L’unité naît des liens personnels d’amitié, du respect mutuel, de la défense réciproque des espaces et des idées des autres. »


Père Laurent Stalla-Bourdillon

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