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Ce bien qui vient du journalisme

Chacun retient son souffle ! En ce début d’année 2025, les tourbillons médiatiques sont si forts que l’on ne sait plus où aller respirer. Respirer l’air de la vérité de l’information. Des rodomontades de Donald Trump aux messages d’Elon Musk, le système médiatique se laisse séduire et engloutir par des postures faute de discernement. La logique des réseaux sociaux, à force de tweets, a contaminé la pratique journalistique. Les médias et en particulier les chaines d’information en continue ont fini par commenter l’actualité des réseaux sociaux et non plus l’actualité du monde. Par confort ou par abandon de leur déontologie, il devient chaque jour plus évident qu’une partie du monde de l’information est aspirée par l’ineptie des réseaux sociaux. Dans son discours de vœux au corps diplomatique [1], le Pape François s’est inquiété de « de la négation de vérités évidentes », du « mépris de l’objectivité du vrai », des « moyens de manipulation des consciences à des fins économiques, politiques et idéologiques », et de « la polarisation, du rétrécissement des perspectives mentales. »

Les journalistes le savent bien et ils en souffrent. Les journalistes sont les sentinelles de la démocratie. Sans eux, plus d’analyse, plus d’enquête, plus de confiance dans les évènements du monde. La confiance dans les médias s’érode, mais il n’y a pas de fatalité, comme le soulignait un récent article paru dans la revue Etudes, sur la polarisation des médias [2]. Chacun doit prendre sa part pour résister à la pression technologique. Si des réseaux sociaux servent utilement à des journalistes, le fait notable de ce début d’année 2025 se trouve dans l’extrême polarisation de l’opinion sous l’effet de ces réseaux sociaux. L’antagonisme devient tellement fort qu’il interdit toute discussion. Mais où discuter encore ? L’entreprise de fracturation des sociétés touche à son but : conduire les gens à se détester, alors qu’ils sont faits pour édifier ensemble une société. La traque aux délits d’opinions semble devenue la quintessence de l’information. Qui est encore dupe ? Car il s’agit bien de duper en saturant l’espace des réseaux de venin. Alors des journalistes n’hésitent plus à surjouer les emportements, comme si la colère sur un plateau de télévision avait déjà résolu le moindre problème ? Ceux qui parlent, s’emballent. A force d’outrance, ils s’imaginent forger l’opinion. A force de simplification, ils rêvent de séduire les téléspectateurs. Mais qui ne voit le désolant stratagème ?

Que faire lorsque la profession journalistique est sous la pression conjointe des technologies et des économies ? 40% des journalistes ne tiennent pas plus de sept ans dans le métier.

A défaut de pouvoir résister à la massification de l’information sous l’effet des réseaux, il faut soigner les personnes et tenir le métier de journaliste en très haute estime. Il y a loin entre l’information qui éclaire et la fabrique de l’opinion qui obscurcit. Avec le temps viennent le discernement critique et la mise à distance de l’information toxique. Les opinions publiques ont plus de ressources que les technologies et doivent conserver aux journalistes exigeants une incomparable estime. S’ils souffrent dans un contexte de pression des rédactions, de polarisation des lignes éditoriales, ils savent qu’au fond seule la vérité fera du bien. Notre exigence à l’égard des journalistes demeure le soutien qu’ils attendent. Il ne faut pas tomber dans le piège d’un système dysfonctionnel en se détournant de l’information. Les réseaux sociaux n’informent pas. Leurs algorithmes décident et déforment sans autre but que de fracturer. C’est donc en collant au plus près du travail de l’information que nous préserverons les fondements de notre démocratie. Les journalistes sont à la société ce que les médecins sont à l’hôpital, un gage de protection du corps social, de sa respiration démocratique. Ce bien que font les journalistes à la société doit être rappelé à temps et à contre-temps. L’urgence est de témoigner de notre sollicitude pour ceux qui ont la mission essentielle d’informer et qui en répondent avec le courage de leur liberté.

En ce début d’année 2025, notre Service pour les Professionnels de l’Information vous présente ses vœux chaleureux pour une année apaisée et informée avec justesse et vérité.


Père Laurent Stalla-Bourdillon

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