Alors que se déroulent les festivités de la réouverture de Notre-Dame de Paris, il est temps d’expliquer la signification réelle de la cathédrale. Sa restauration force l’admiration, mais son message emporte dans la jubilation. Notre-Dame parle et le visiteur d’hier comme d’aujourd’hui, le découvre inchangé, inscrit dans ses murs.
Restaurer une cathédrale catholique, revient à rendre à un édifice religieux sa signification spirituelle. Il s’agit de rendre lisible dans la pierre, le message spirituel audible par tous avec quelques clés permettant de décrypter ses symboles. Alors, Notre-Dame de Paris livre sa puissante promesse et fait entrer dans une joie à nulle autre pareille. Assimiler le message de Notre-Dame conduit à accepter d’être transformé. Le message de Notre-Dame est révolutionnaire et totalement inouï pour l’homme incrédule du XXIème siècle.
Elle annonce le chemin de guérison de la mort. Pas moins. Ce chemin est une personne nommée, Jésus, le fils de Marie, le fils de Dieu. Il est revenu de la mort ou plus exactement rené d’entre les morts. Sa résurrection est une nouvelle naissance. Sur lui, la mort n’a plus de pouvoir. Notre-Dame annonce qu’une vie sans mort est possible. Que faut-il pour y accéder ?
Il y faut trois éléments constitutifs du nouveau mobilier de Notre-Dame de Paris. Ils parlent à l’âme du visiteur : le baptistère, l’autel, le reliquaire de la sainte couronne d’épines.
Aujourd’hui le nouveau baptistère signifie que tout être humain est appelé à renaître à la vie divine, en recevant gracieusement sa filiation originelle : au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Notre origine n’est plus seulement biologique, mais redevient spirituelle. Chacun est né au cœur de l’Amour divin avant de naître du sein de sa mère.
L’être nouveau-né se dirige vers l’autel. A cette sainte table, consacrée dans le feu de l’Esprit-Saint, il vient recevoir la nourriture et la boisson qui fortifient son être intérieur. Une force qui n’est pas tant physique que spirituelle. C’est bien l’Esprit-Saint, reçu dans la communion au Corps du Christ ressuscité, qui fortifie l’esprit de l’homme. C’est l’amour miséricordieux de Jésus, reçu dans la coupe, qui libère la conscience des œuvres mortes du péché. Manger dans la foi, la sainte Hostie et boire au calice le précieux sang permet de trouver la force de dire la prière que Jésus adresse à son Père : « Que ta volonté soit faite ! ». Là se trouve la clé de la joie et de la paix. Mais que c’est difficile !
En prolongeant son chemin vers l’abside de la cathédrale, encouragé par la Vierge du pilier, le visiteur rejoint le reliquaire de la sainte couronne d’épines du Christ. En cet endroit, il faut faire silence et comprendre. Si la couronne d’épines fut cruellement posée sur la tête de Jésus, si cet instrument de torture des Romains humiliait un prétendu roi, elle signifiait malgré eux, le lieu précis où Jésus triomphait pour nous d’une éclatante victoire. La couronne d’épines repose sur le crâne, et le crâne est le lieu des pensées. C’est le lieu où se fomente le mal, mais aussi où naît la confiance. Ainsi Jésus par amour pour tous les êtres humains, portait le poids douloureux des pensées déviantes et méchantes des hommes. Il leur opposait sa propre confiance en l’amour de son Père. Couronné d’épines, il restaurait la nature humaine, et sa capacité de penser les pensées de Dieu. Ainsi s’accomplit la parole du prophète Jérémie : « Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. » (Jr 31,33). L’être humain s’ouvre à Dieu en esprit car Dieu est Esprit. Apprendre à penser selon la vérité et la justice demeure la chose la plus difficile et la plus nécessaire pour toute personne.
Le reliquaire de la sainte couronne d’épines ne présente plus un objet de curiosité mais le symbole de la victoire suprême. La couronne d’épines est le rappel permanent que sans le secours de l’Esprit de Dieu, les hommes restent captifs d’un mal, dont les racines plongent dans leur esprit. Un mal dont ils ne peuvent se libérer seuls. Un mal qui produit des épines et les blessent. Jésus se laisse couronner d’épines pour que nous soyons couronnés de la connaissance de la vérité.
Dans cette courte trajectoire, allant de la façade rappelant l’histoire du Peuple saint né de l’alliance avec Dieu, passant par les portes monumentales donnant sur les eaux du baptistère, puis allant vers l’autel et le feu de la consécration, pour arriver jusqu’à la couronne d’épines, chaque personne découvre la merveille qu’elle est dans le regard de Dieu. Chacun apprend à faire de sa vie un don pour les autres.
Notre-Dame de Paris porte le message de notre ultime achèvement. En elle, toute personne renait à sa divine beauté.