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Analyse des quatre dynamiques de transformations dans la société française

La société française (et plus généralement les pays d’Europe) se trouve face à une situation historique critique. Cette situation résulte de la concomitance de quatre profondes transformations au cours des 20 dernières années :

 1/ L’individualisme néolibéral, véritable marqueur de la modernité, affecte et érode le lien social. La volonté individuelle prime toutes les exigences d’une société pourtant fondée sur un contrat social. Les multiples revendications de droits garantis minent les devoirs. Le primat de l’ego dissout les liens d’appartenance.

 2/ Le techno-progressisme a diffusé une promesse de bonheur et de monde meilleur qui supplante les sagesses traditionnelles des religions. Telle une néo-religion, il signe la fin du questionnement métaphysique et engloutit toute perspective eschatologique, réduisant l’homme à sa seule matérialité organique. L’avoir prime l’être en devenir.

 3/ L’espace informationnel est bouleversé et dominé par les nouveaux médias numériques, dont les réseaux sociaux sont le fer de lance. Les réseaux sociaux agissent comme des relais d’opinion, qui fragmentent autant qu’ils fabriquent l’opinion. Avec eux, les chaînes d’information en continu participent souvent à une déformation des affects à la chaîne.

 4/ L’internationalisation à outrance des échanges (globalisation) a généré des chocs culturels massifs (flux d’informations et flux migratoires, effacement de nombreuses frontières, interdépendance de la crise écologique sans frontière, guerres économiques et numériques planétaires...).

Ce contexte nouveau fragilise la vie du corps social de quatre manières :

 Il fragmente l’unité de la société du fait des larges inégalités sociales entre les individus.
 Il provoque un affaissement moral en déléguant au progrès technique le soin d’œuvrer à un progrès éthique sans plus considérer l’édification spirituelle des personnes.
 Il engendre un épuisement psychique du fait de la surconsommation d’informations, de l’accélération des communications. Il se produit une véritable « apocalypse cognitive ».
 Il nourrit le sentiment « d’insécurité culturelle », de perte d’identité.

On comprend dès lors que ce contexte crée les conditions favorables à l’irruption d’idéologies politique ou religieuse, potentiellement totalitaires, offrant des réponses aussi simplistes et globales que violentes.

Bien que très différents sur le fond, trois courants réactionnaires se sont invités dans la société française : l’écologie radicale, le fondamentalisme islamiste et le nihilisme déconstuctionniste (wokisme). Tous les trois occupent l’essentiel du temps médiatique.
L’intégrisme qu’il soit écologique ou religieux se nourrit toujours de la haine d’un environnement jugé hostile, moralement décadent et intrinsèquement corrompu.

 Les courants d’écologies radicales : ils se nourrissent des peurs suscitées par les questions environnementales, et exigent sans délai des transformations politiques et juridiques. Ils s’appuient sur la diffusion d’images et d’études, arguant d’un compte-à-rebours planétaire.

 Le courant fondamentaliste islamiste : il se réclame d’un messianisme apportant un projet de société où l’ordre religieux prime la volonté des individus. Il répond à un esprit de conquête. La doctrine religieuse repose sur une récompense eschatologique et dénonce l’idolâtrie technicienne. Il sait profiter du réseau numérique mondial, abolissant les frontières, pour jouer des affects par l’image et flatter l’identification d’une communauté de purs, acquise à la juste cause religieuse.

 Le courant nihiliste déconstructionniste : il répond de la volonté de questionner le savoir et les formes de pouvoirs, académiques, sociales, ou culturelles. La déconstruction devient un mode d’interprétation du monde. Il revendique un état d’éveil militant face aux discriminations.

À chacune des quatre transformations correspond donc un enjeu décisif pour l’avenir des sociétés occidentales :

 Restaurer le sens du collectif, c’est-à-dire le service de l’unité nationale, la fierté d’appartenir à une Nation, à son histoire et la responsabilité de lui donner un avenir. C’est le sens du bien commun.

 Restaurer la compréhension de la condition humaine, de sa vocation, le sens de la dignité de chaque personne jusque dans sa vulnérabilité même, face à l’illusion d’une invulnérabilité promise par le techno-prophétisme.

 Restaurer l’exigence de vérité, l’effort de rationalité critique pour s’extraire des idéologies, des croyances et des manipulations par les affects.

 Restaurer l’affirmation de l’antériorité d’une nature humaine, tout n’étant pas pure construction sociale et conditionnement historique.

Ainsi, c’est seulement à partir :
 d’un renouveau de la conscience du bien supérieur de l’unité,
 de l’humanité comme un chemin,
 du goût pour la vérité
 d’un donné de nature humaine spécifique

qu’une société est rendue capable d’assurer son avenir et de faire obstacle aux formes renaissantes d’idéologies fascisantes, terroristes et violentes.

La société française pourra trouver dans ces quatre domaines (unité, vulnérabilité, vérité et humanité) l’enracinement nécessaire pour tirer le meilleur du présent et écarter le pire dans l’avenir.


Père Laurent Stalla-Bourdillon

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