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Courte et fulgurante : la vie de Blaise Pascal (1623-1662)

Voici 400 ans naissait le 19 juin 1623, Blaise Pascal. Dès son jeune âge, son père Étienne se charge de sa formation intellectuelle. Orphelin de mère à l’âge de 3 ans, Blaise Pascal ne va cesser de méditer sur le vide et le néant. Le néant relève de la spéculation métaphysique tandis que le vide tel qu’il l’envisage, est une réalité physique sur laquelle il est possible de travailler.

Pour quelles raisons l’itinéraire intellectuel et spirituel de Pascal est-il précieux pour nous aujourd’hui ?

Sans doute parce que Pascal entendait distinguer nettement sciences physiques et spéculations métaphysiques, tout en les jugeant nécessaires l’une et l’autre. Il aura retenu de son père, que ce qui est l’objet de la foi ne saurait l’être de la raison. Blaise Pascal apparaît véritablement comme un scientifique qui n’ignore pas ses propres limites et comme un théologien qui pressent combien tout l’univers l’excède totalement. En lui, l’homme de raison et l’homme de foi marchent sur l’unique chemin de la vérité. Comme le disait Jean-Paul II, « la foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit de s’élever vers la contemplation de la vérité » [1].

Le 23 novembre 1654, Blaise Pascal entre en extase. Il vit une sorte d’expérience fulgurante de la présence divine. Il écrit aussitôt son mémorial. Au lendemain de cette nuit mystique, il se retire à l’abbaye de Port-Royal-des-Champs. Il a ensuite voulu garder ce mémorial sur lui mais le garder absolument en secret, cousu dans son habit si bien que personne n’en a jamais rien su.

Parce qu’il est à la fois scientifique et philosophe, Pascal touche les limites de ces disciplines dans l’accès à la vérité. Il tient que la foi est un mode de connaissance raisonnable. C’est la dimension du « cœur » pascalien, qui est une faculté intuitive, à la fois une faculté de connaissance immédiate et une faculté affective. « C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi. Dieu sensible au cœur, non à la raison. » Pensées, S 680
C’est ainsi que commence son « mémorial »
« DIEU d’Abraham, DIEU d’Isaac, DIEU de Jacob » non des philosophes et des savants. Certitude. Certitude. Sentiment. Joie. Paix. DIEU de Jésus-Christ. »
Dieu, non des philosophes car pour Pascal, la philosophie est dépassée par l’existence même de la pensée. L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature mais c’est un roseau pensant. D’où vient que l’homme pense ?
Dieu, non des savants, d’autre part, car Pascal pose une différence fondamentale entre certitudes mathématiques et certitude de foi ou certitude mystique. La certitude mathématique est une certitude fondée sur l’impuissance, c’est-à-dire l’impuissance de penser autrement parce qu’elle le dit.
Pascal ressent véritablement une certitude intime, une certitude du cœur qui s’accompagne d’une joie ardente. Il a vécu une conversion de l’amour de soi à l’amour de Dieu. Dieu compte autant dans l’homme qu’il compte dans la compréhension du monde. Tout vient de la main d’un même Maître. Il est habité par une extrême confiance puisque Dieu est Dieu.

C’est ce Maître, source de tout bien véritable, qu’il cherche au point de vouloir se dépouiller. Il parlera tout le temps de la pauvreté. Dans sa dernière maladie, il trouvait qu’on le soignait trop bien, tant est si bien qu’il demanda à être transporté aux incurables. Il voulait mourir avec les plus déshérités. Il vendit sa bibliothèque pour en donner l’argent aux pauvres, ne gardant que la Bible et Saint Augustin.
Blaise Pascal a fait resplendir dans sa vie ce qu’est être chrétien. Non, l’affirmation d’une identité plaquée, mais le simple fait de se tenir debout entre deux pressions contraires : l’inquiétude d’un côté et la confiance de l’autre. De même que Pascal avait opéré une distinction entre ce qu’il nommait l’ordre des corps, l’ordre des esprits et l’ordre de la charité ou ordre de la sagesse, il a magnifiquement montré qu’il y a trois moyens de croire : la raison, la coutume et l’inspiration. L’inspiration mérite aujourd’hui d’être très largement redécouverte. « Les vérités divines sont infiniment au-dessus de la nature : Dieu seul peut les mettre dans l’âme, et par la manière qu’il lui plaît. »
A l’heure de ce qu’il est devenu coutume d’appeler l’intelligence artificielle générative, la coutume est surprise par une absolue nouveauté, la raison est dépassée dans ses propres capacités. Il reste l’inspiration, comme capacité de l’esprit humain d’accéder à une compréhension et d’accueillir une vérité par la médiation de ce qu’il voit, de ce qu’il entend, fut-ce des paroles de machines. Le scientifique que fut Blaise Pascal n’aurait sans doute pas manquer d’exhorter ses contemporains à retrouver dans l’esprit humain, le lieu ultime où se lève la lumière de la vérité. Il comprend que « Dieu a mis au cœur de l’homme le désir de connaître la vérité et, au terme, de Le connaître lui-même afin que, Le connaissant et L’aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même. »
Les trois dimensions de la nature humaine, cœur, esprit et âme sont constamment unifiées en Blaise Pascal scientifique, philosophe et homme de foi, ce qui en fait un modèle pour notre temps.

Notes :

[1Jean-Paul II, Foi et Raison, n°1, 1998


Père Laurent Stalla-Bourdillon

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